
Photo : AD14 : 224J
SAINT POL Guy, Alfred, Marie, de
Né le 22 mars 1914 à Curcy-sur-Orne (Calvados) ; domicilié à Amayé-sur-Seulles (Calvados) ; exécuté sommairement le 6 juin 1944 à Caen (Calvados).
SAINT POL Guy, Alfred, Marie, de // Naissance : 22-3-1914 à Curcy-sur-Orne (Calvados) ; Domicile : Amayé-sur-Seulles Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé
Guy de Saint Pol est âgé d’à peine six mois lorsque son père, Joseph, André, caporal au 304e RI est « tué à l’ennemi », au plus fort de la bataille de la Marne, le 7 septembre 1914. En septembre 1928, il entre en 4e, au collège Stanislas de Nantes, et en sort bachelier, cinq ans plus tard. Se destinant à l’agriculture, comme la plupart des membres de sa famille, il effectue durant les années 1933-1934 plusieurs stages de formation dans des exploitations agricoles de la région où réside la plupart des membres de sa famille. Le 24 avril 1935, Guy de Saint Pol est appelé sous les drapeaux. Incorporé au 505e régiment de chars de combat (505e RCC) à Vannes, il se porte volontaire pour suivre le peloton des Elèves Officiers de Réserve (EOR), dont il sort chef de char. Le 3 novembre 1936, il épouse Yolande Gazet du Châtelier, à Saint-Léger-les-Vignes (Loire-Inférieure).
Le jeune sous-officier de cavalerie est mobilisé à Rouen (Seine-Inférieure), affecté
le 3 septembre 1939 au 503e régiment de chars. A partir de juin 1940, son bataillon effectue un repli jusqu’à
Castelnau-Magnoac (Hautes-Pyrénées), où il est démobilisé le 6 septembre 1940. Guy
de Saint Pol rentre à Amayé peu après. Des échanges réguliers avec Jean Caby
, un artisan électricien de Villers-Bocage lui fournissent l’occasion qu’il recherchait.
Au printemps 1942, il accepte d’entrer au sein du réseau de résistance « SR Alliance »,
rattaché directement au MI6, section du service de renseignement britannique. La naissance
d’un deuxième enfant, en décembre 1942, apporte de la joie dans la famille malgré
un contexte général des plus inquiétants. Le 4 octobre suivant, il apporte son aide
à deux officiers-aviateurs américains, membres de l’équipage d’un B-17 qui a dû se
poser, à court de carburant, sur la commune voisine de Cahagnes (Calvados).
Le 17 mars 1944, à 16h30, la Sipo-SD est à la porte du château du Bosq. Guy de Saint Pol est arrêté. Après plusieurs interrogatoires où il est torturé, le résistant est placé à l’isolement, 47 jours durant, dans une cellule, sans fenêtre et sans air, du sous-sol de la maison d’arrêt. Il y subit une faim atroce et une solitude insupportable. Le 3 mai, on vient le chercher pour le monter au 3e étage de la prison, cellule n°5, puis cellule n° 28 qu’il partage avec Jean Hébert, un jeune FTP. Le jour du Débarquement, Guy de Saint Pol est exécuté dans l’une des courettes avec son compagnon de cellule et 71 autres prisonniers.
Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.
Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.
En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.
Sources : AD14 : 224J, fiche matricule militaire, lettres clandestines, André et Guy de Saint Pol ; SHD-Vincennes : 28P3/71 ; AP Saint Pol : éléments biographiques rédigés par Marc-Antoine de Saint Pol, 1er janvier 2025 ; Caraes G., Le réseau Alliance, 2021 ; J.Vico et J.Quellien, Massacres nazis. Les fusillés de la prison de Caen, 2004
Gérard Fournier
Mots-clés :
- 22-3-1914
- Curcy-sur-Orne, Calvados
- Amayé-sur-Seulles, Calvados
- 17-3-1944
- Amayé-sur-Seulles, Calvados
- Caen, Maison d'arrêt, Calvados
- 6-6-1944
- Caen, Calvados




