GAINCHE Maurice, Jules

GAINCHE Maurice, Jules // Naissance : 2-5-1909 à Paris (Seine) ; Domicile : Alençon Orne () ; Repression : Déporté le 27-4-1944 à  ;  ; Rescapé NA NA

Orphelin d’un père tué au front pendant la Grande Guerre, Maurice Gainche est élevé par ses grands-parents. Marié et père d’un enfant né en 1925, il divorce en 1932 et intègre le 1er Régiment de Chasseurs à cheval d’Alençon et se spécialise dans les transmissions. En 1933, il fait la connaissance de Suzanne Gallant  qui a un fils, Claude.

Pendant la « drôle de guerre », sous-officier du GRD 40 (Groupe de Reconnaissance Divisionnaire), Maurice Gainche est affecté à l’ouest de la Ligne Maginot. Son escouade patrouille avec ses radio-émetteurs pour renseigner sur les positions ennemies. À partir du 10 mai 1940, la guerre-éclair se concentre sur la vallée de la Meuse. Face aux Panzers qui déferlent, le 23 mai, son groupe reflue vers l’Aisne et la Marne. En juin 1940, c’est le repli sur la Loire, l’armistice et la démobilisation.

En 1942, son régiment ayant été dissous par les autorités, Maurice Gainche trouve un emploi à la mairie d’Alençon, ville où il demeure au 22 rue du collège, avant de devenir chef de district au service du Ravitaillement général de l’Orne.

Bernard Le Pecq, négociant à Laval, ancien officier de chars réserviste, s’engage auprès des services secrets de la France Libre sous le nom de code de « Chinchilla ». Il étend son réseau pour le BCRA (Bureau Central de Renseignement et d’Action). En janvier 1943, il contacte Alain Nicot, ingénieur agricole, et lui demande de recruter des radios et de constituer près du Mans une antenne du réseau Marathon-Chinchilla. Alain Nicot alias « Illa ou Manceau » qui a connu Maurice Gainche au GRD 40, l’engage en février 1943 sous le code « Illa 10 » et vu son nom, le baptise « Le danseur ». Gainche, déjà membre du réseau Bourgogne depuis janvier 1942, et son épouse Suzanne, participent à actions de renseignement et se charge des transmissions radio depuis Neuville dans la Sarthe.

À l'automne 1943, après une vague d’arrestations au sein des membres parisiens du réseau Chinchilla, Maurice Gainche prévient ses camarades du danger et évacue armes et postes émetteurs et détruit les codes de transmissions. Le 22 octobre, il est arrêté en possession d’un poste radio dans un café à La Fresnaye-sur-Chédouet (Sarthe) par Christian Masuy, de vrai nom Georges Delfanne, auxiliaire français de l'Abwehr en France.

Conduit au 101 de l’avenue Henri-Martin à Paris (16e) dans un local qui sert de lieu d’interrogatoire à Masuy, puis à Meudon, il est soumis à la torture pendant deux jours. Il est ensuite interné à la prison de Fresnes où il subit dix-huit interrogatoires en cinq mois. Le 21 mars 1944, Maurice Gainche est dirigé au camp de transit de Royallieu à Compiègne. Le 27 avril 1944, il est déporté au KL d’Auschwitz où il est immatriculé sous le numéro 185 600. Le 15 mai, il est transféré vers le Petit camp de Buchenwald (mle 53 520) puis à Gross Rosen le 11 décembre 1944 où il devient le matricule n°88 938 à son arrivée deux jours plus tard. En mars 1945, le camp se vide au profit d’annexes des Sudètes. Le 10 mai 1945, Maurice Gainche est libéré par des partisans tchécoslovaques puis rapatrié via l’hôtel Lutétia à Paris où il transite le 24 mai 1945. Rentré fin mai, il retrouve sa compagne Suzanne qui a été arrêtée en décembre 1943 et déportée le 18 avril 1944 à Ravensbrück (mle 35 210).

Après une carrière administrative au Mali où il a épousé Suzanne, Maurice Gainche est décédé le 19 septembre 1975 à Blois (Loir-et-Cher) où il s’était retiré.

Sources : Arolsen ; SHD : 21 P 610823, 16 P 239237, 16 P 280256 : A. Pioger, " Le groupe sarthois du réseau " Chinchilla " (janvier-octobre 1943) ", La Province du Maine, tome 74, 4e trimestre, 1972, p. 381-396 ; L'Écho de l'Orne, 13 janvier 1951 ; AERI, La Résistance dans l’Orne, cédérom ; deces.matchid.io

Yves Duprez