
Photo : SHD-Caen
LANGEARD Joseph, Octave
Né le 6 février 1909 à Sermentot (Calvados) ; domicilié à Villy-Bocage (Calvados) ; exécuté sommairement à Caen (Calvados) le 6 juin 1944.
LANGEARD Joseph, Octave // Naissance : 6-2-1909 à Sermentot (Calvados) ; Domicile : Villy-Bocage Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé
Joseph Langeard est issu d’un milieu social très modeste. À sa naissance, son père exerce le métier de couvreur et sa mère travaille à façon comme couturière. Quatrième enfant de la fratrie Langeard, Joseph fréquente, de 6 à 13 ans, l’école communale de Sermentot, canton de Caumont-L’Éventé, dans le Pré-Bocage. Deux autres enfants naissent entre 1911 et 1914, ce qui fait qu’Anselme, le chef de famille, père de six enfants, n’est pas mobilisé en août 1914. À partir de 14 ans, Joseph Langeard se loue comme journalier sur différentes exploitations agricoles de Sermentot et de Villy-Bocage. À compter du 24 avril 1930, le jeune homme effectue un service militaire d’une année au sein du 43e Régiment d’artillerie de campagne (43e RAC) à Caen. Rendu à la vie civile, il continue de travailler comme ouvrier agricole sur la commune de Villy-Bocage pour le compte d’un fermier établi au hameau du Buquet dont il épouse la fille, le 27 décembre 1936, Marie Juliette Gournay-Hélie, veuve d’un premier mariage. À la déclaration de guerre contre l’Allemagne, Joseph Langeard est mobilisé à nouveau dans l’artillerie (304e RAC), le 4 septembre 1939. Affecté à une colonne de ravitaillement, il ne participe pas aux combats, parvient à échapper à la capture, et est démobilisé le 26 août 1940 à Sémalens (Tarn).
Son engagement dans la Résistance organisée au sein du réseau Alliance se situe vers
la fin de l’année 1943. Il a lieu après une première rencontre avec Jean Caby
, électricien à Villers-Bocage (Calvados), qui lui demande d’intégrer un réseau de
renseignement directement relié aux services secrets britanniques. Son rôle devait
se cantonner à agir comme agent de liaison lorsqu’aurait lieu le Débarquement. Le
4 mai 1944, Joseph Langeard est pris dans la rafle de la Sipo-SD (Gestapo) qui procède, ce jour-là, à l’arrestation de six membres du réseau. Incarcéré à la
maison d’arrêt de Caen, l’agriculteur est exécuté, le 6 juin 1944, avec 72 autres
prisonniers arrêtés dans les semaines et les jours qui précèdent le Débarquement sur
les côtes normandes.
Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.
Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.
En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.
Sources : SHD-Vincennes : GR 28P3/71 ; AD14 : 9W70, procès de la bande à Hervé, interrogatoire de Collard Daniel, du 2 mai 1945, 1101W/236 : dossier CVR, Sermento : état civil, tables décennales, 1903-1912 , recensements, 1911-1921 ; Villy-Bocage : état-civil, tables décennales, 1933-1942, recensements, 1926-1936, matrices cadastrales des propriétés bâties, 3P/7698 : 1911-1960 ; Caen, 1R/572 : fiche matricule militaire n° 160 ; J. Quellien, J. Vico, Massacres nazis en Normandie. Les fusillés de la prison de Caen, 2004, G. Caraes, Le réseau Alliance, 2021
Gérard Fournier
Mots-clés :
- 6-2-1909
- Sermentot, Calvados
- Villy-Bocage, Calvados
- 4-5-1944
- Villy-Bocage, Calvados
- Caen, Maison d'arrêt, Calvados
- 6-6-1944
- Caen, Calvados




