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LELIEVRE, Anatole, Jacques

Photo : SHD-Caen

LELIEVRE, Anatole, Jacques

Né le 12 mars 1903 à Caen (Calvados) ; domicilié à Caen ; exécuté le 6 juin 1944 à la maison d’arrêt de Caen.

LELIEVRE, Anatole, Jacques // Naissance : 12-3-1903 à Caen (Calvados) ; Domicile : Caen Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé

Issu d’une famille nombreuse, Anatole Lelièvre occupe le troisième rang d’une fratrie de neuf enfants. Son père exerce le métier d’ébéniste et sa mère effectue quelques travaux de couturière à façon. Après les années d’école primaire, il fait un apprentissage à l’atelier de son père, puis il se fait embaucher comme ouvrier à la Société Normande de Métallurgie à Mondeville, jusqu’à son service militaire, commencé le 10 mai 1923.

Il se marie, le 9 mai 1930, avec une mécanicienne de l’usine, Claudine Le Roux, de dix ans sa cadette. En 1931, Anatole Lelièvre n’a que 28 ans et n’est pas satisfait de sa vie d’ouvrier. Il souhaite aussi une meilleure situation pour son épouse. L’occasion se présente quelques mois plus tard. La Compagnie des Chemin de Fer de l’Etat à Bayeux embauche. Le jeune homme se présente et est engagé comme manœuvre. Rapidement, il accède au service exploitation et devient facteur mixte, affecté tantôt à la circulation, tantôt à des tâches commerciales. Le salaire s’améliorant, le couple s’installe à Bayeux, au n° 23, Rue des Cuisiniers. C’est là que naît leur enfant unique, Ginette, le 8 février 1936. Devenu agent SNCF, Anatole Lelièvre, n’est pas mobilisé à la déclaration de guerre contre l’Allemagne.

En décembre 1943, il entre dans la Résistance, au sein du réseau Arc-en-Ciel. Dès lors, il fournit aux responsables les plans des gares de Caen et de Mézidon et met toute son énergie à ralentir le plus possible l’acheminement du matériel ferroviaire réclamé par les Allemands. Dans le Calvados, un Français, auxiliaire de la Gestapo, Lucien Brière, fait des ravages dans les rangs de la Résistance. Le 3 mai 1944, le traître est exécuté à la sortie de son domicile, par deux résistants venus de Paris. Les services de répression du Reich se mobilisent pour retrouver les auteurs de l’attentat. L’Abwehr dépêche à Caen deux Français. Dans un café de Caen, ils repèrent Raymond Pauly, membre, lui aussi, du réseau Arc-en-Ciel. En l’espace de trois semaines, les deux agents en savent suffisamment pour passer le relais à la Sipo-SD. Du 22 au 28 mai, les hommes de la Gestapo procèdent à l’arrestation d’une quinzaine de résistants. Anatole Lelièvre est appréhendé, le 23 mai, sur son lieu de travail. Interrogé d’abord par un officier de l’Abwehr, puis par les hommes de la Sipo-SD, il est incarcéré à la maison d’arrêt. Le 6 juin 1944, il fait partie des 73 prisonniers assassinés dans les courettes de la prison.

Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.

Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Sipo-SD à Rouen.

En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.

Sources : AD14 : Caen, état civil, naissances, 1894-1918 ; mariages, 1930 ; Caen-ouest, recensements 1911-1931, Bayeux, 1936 ; Caen, fiche matricule militaire n° 1558, 1R/511 ; 1101W/221 : dossier de carte du CVR; T. Fontaine (dir.), Cheminots victimes de la répression 1940-1945, Perrin/SNCF, Paris, 2017

Gérard Fournier

Mots-clés :

Exécuté
  • 12-3-1903
  • Caen, Calvados
  • Caen, Calvados
  • 23-5-1944
  • Caen, Calvados
  1. Caen, Maison d'arrêt, Calvados
Décédé
  • 6-6-1944
  • Caen, Calvados
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