LEMAIRE Maurice, Joseph, Auguste

LEMAIRE Maurice, Joseph, Auguste // Naissance : 18-3-1897 à Saint-Valéry-sur-Somme (Somme) ; Domicile : Amiens Somme () ; Repression : Fusillé le 1-10-1942 à Saint-Lô (Manche) ; Décédé

Fils d’un charbonnier, Maurice Lemaire s’engage en 1915 pendant la Première Guerre mondiale durant laquelle il est gravement blessé à deux reprises. Devenu charcutier puis mécanicien après la guerre, il épouse le 17 juin 1919 Alice Lemiure à Saint-Valery-sur-Somme et réside avec son épouse et ses trois enfants, Maurice , Charles et Arthur à Amiens au 230 chemin de l’Épinette. Militant communiste dès les années trente, Maurice Lemaire est membre de la cellule Vorochilov.

Arrêté le 17 avril 1940 à Amiens (certainement pour son engagement militant), Maurice Lemaire est interné dans des « centres de séjour surveillé pour indésirables français » à Plainval (Oise), au Sablou (Dordogne) et à Saint-Paul-d’Eyjeaux (Haute-Vienne). Libéré au mois de juin 1941, il rentre à Amiens où son fils aîné s’est engagé dans les rangs du Front national et des FTP. Entré en Résistance à son tour, il devient rapidement responsable régional militaire des FTP dans la Somme mais, traqué par la police, il quitte le département avec son fils en février 1942. Devenu commandant FTP et responsable interrégional dans l'Oise et l'Eure-et-Loir, Maurice Lemaire, dit « Gaston », continue ensuite le combat en Normandie en Seine-Inférieure, dans l’Eure, le Calvados et la Manche.

Le 4 juillet 1942, alors qu’il se trouve chez Alexandre Avoyne  au passage à niveau n° 47 à Trelly près de Coutances, la brigade mobile de la police de Rouen encercle la maison. Maurice Lemaire et son fils réussissent à s’échapper et se réfugient dans une grange à Quettreville. Dans leur fuite, son fils est blessé par balle à la cheville. Dénoncés par le fermier, ils sont arrêtés peu après par la Sipo-SD. Transféré le 7 juillet à Paris pour enquête, Maurice Lemaire est ramené à Cherbourg le 19 juillet puis emprisonné à Saint-Lô à partir du 30 juillet 1942. Il est condamné à mort pour « menées terroristes » le 18 septembre 1942 avec son fils et onze autres résistants par le tribunal militaire allemand de la Feldkommandantur 722 et fusillé le 1er octobre 1942 à Saint-Lô.

Avant sa mort, Maurice Lemaire adresse ces quelques mots à sa femme Alice : « Condamné à mort hier ainsi que notre cher Maurice, avec 10 camarades et une femme. […]. Pardonne-nous à tous deux de t’abandonner, nous t’envoyons nos plus tendres baisers sans oublier ces pauvres petits Charles et Arthur ainsi que Charlotte. Mon avocat a plaidé cinq minutes et pour notre cher fils pas du tout. Pour Maurice, la peine de mort fut demandée six fois, pour moi, une fois. Nous sommes le 23 et nous n’avons pas eu de tes nouvelles. C’est notre dernier dimanche. […]. Bons baisers de ton fils et de ton mari. »

Son fils Maurice est fusillé le 24 novembre 1942 à Saint-Lô, son fils Charles le 2 août 1943 à Amiens. Arthur, le plus jeune, est tué à Amiens le 28 août 1944 en menant la lutte contre l’occupant lors de la libération de la ville.

L’ancien chemin des Épinettes où résidait la famille Lemaire à Amiens est rebaptisé rue des Quatre Lemaire, une plaque commémorative rappelant leurs noms qui sont également gravés sur la plaque « À la mémoire des résistants des quartiers Beauvais-Châteaudun morts pour la France » à l’école primaire boulevard Châteaudun. Le nom de Maurice Lemaire figure aussi à Saint-Lô avec celui de son fils sur le monument honorant les victimes du nazisme de la Manche.

Sources : SHD-Caen : 21P560902 ; fusilles-40-44.maitron.fr ; memorialgenweb.org

Julien Cahon, Delphine Leneveu