LEVY Adelina

LEVY Adelina // Naissance : 26-5-1877 à Rouen (Seine-Inférieure) ; Domicile : Eu Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 31-7-1943 à  ;  ; Assassiné

Adelina Lévy grandit à Rouen dans une famille de commerçants juifs français, mais c’est à Paris qu’elle épouse en 1899 le voyageur de commerce Maurice Lévy, dont elle n’a pas d’enfant. Elle vit plus tard à Dieppe (Seine-Inférieure), où son mari décède en 1928, puis à Pantin (Seine) où elle se remarie en 1933 avec un non-Juif, Louis Bennezon. En octobre 1940, quand elle doit se faire recenser comme Juive, elle habite à Eu (Seine-Inférieure) où Louis est juge de paix. Elle-même est institutrice de formation, mais elle est déclarée sans profession au moment de ses mariages et n’a peut-être jamais exercé son métier.

À l’automne 1942, le nom d’Adelina Bennezon figure sur une nouvelle liste de Juifs, avec cette fois un domicile à Forges-les-Eaux (Seine-Inférieure). Mais quelque temps après, elle s’installe à Rouen avec son mari. Le 16 janvier 1943, alors que la grande rafle départementale est en cours, le sous-préfet de Dieppe communique son changement de résidence à la SS, en précisant que le préfet de Seine-Inférieure a pris des mesures « afin que l’ordre d’arrestation donné par le service de la sûreté allemande de Rouen soit exécuté en ce qui la concerne ». Alors que la plupart des autres Juifs rouennais ont été arrêtés dans la nuit du 15 au 16, elle est appréhendée le 17.

Ce jour-là à 12 h 15, sur ordre du préfet régional, la police française vient la chercher à son domicile du 13 rue Crevier. Elle est contrainte d’abandonner son mari gravement malade pour suivre les policiers. Après leur avoir remis les 1400 francs qu’elle a sur elle, elle est internée avec d’autres victimes de la rafle dans le centre de regroupement de la rue Poisson. Puis au matin du 18, on lui fait prendre le premier train Rouen-Paris pour l’acheminer jusqu’à Drancy (mle 18824). De là, elle est transférée le 9 mars au camp de Beaune-la-Rolande (Loiret) avec le matricule 40 parce qu’elle est conjointe d’« aryen » et non encore déportable. Mais le 12 juillet, elle est reconduite à Drancy en vue de sa déportation à Auschwitz par le convoi no 58 du 31 juillet 1943. À l’âge de 66 ans, elle y est vraisemblablement gazée à son arrivée.

Son nom est inscrit sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris et sur la stèle des déportés juifs de la synagogue de Rouen (« Mme Benneza Lévy »).

Sources : AN/CDJC : F/9/5679 ; SHD-Caen : 21P 423 623 ; AD76 : 3352W2, 1408W548 ; EC (Dieppe, Pantin, Paris, Rouen) ; gallica.bnf.fr ; annuaire-magistrature.fr ; patrimoine.dieppe.fr.

Corinne Bouillot