MANIA Pierre, Joseph, Albert

MANIA Pierre, Joseph, Albert // Naissance : 4-9-1911 à Clichy (Seine) ; Domicile : Dangu Eure () ; Repression : Déporté le 14-12-1943 à  ;  ; Rescapé Grimma Allemagne

Pupille de la Nation, Pierre Mania se marie en 1933 et a un enfant. L’année suivante, il adhère au Parti communiste français. En 1937, militant au syndicat CGT des instituteurs, il se porte candidat aux élections cantonales dans le canton de Bacqueville-en-Caux (Seine-Inférieure) où il enseigne. Fait prisonnier le 31 mai 1940 à Loos (Nord), il est emmené dans le stalag XVIIA, à Kaisersteinbruch, en Autriche d’où il réussit à s’évader à la fin du mois de novembre 1940. Il rejoint alors la résistance communiste de l’Eure où il organise des groupes de résistants, réceptionne des armes, distribue de faux papiers d’identité et des cartes d’alimentation à plusieurs centaines de réfractaires.

Le 13 octobre 1943, il est arrêté à Dangu par la Gestapo de Paris. Interné à Fresnes jusqu’au 15 novembre 1943 puis au camp d’internement de Compiègne-Royallieu (mle 20 054) Pierre Mania est déporté le 14 décembre 1943 au camp de concentration de Buchenwald (mle 38 289). « À la frontière, on nous fit descendre, on reçut l’ordre de quitter chaussures, chaussettes et pantalons, puis à coup de nerfs de bœufs, on nous fit évacuer le wagon. Sur le quai, pieds nus dans la neige, il fallut courir entre une double haie de SS qui frappaient avec des gestes de bucheron », raconte-t-il dans son témoignage. Sa connaissance de la langue allemande lui permet d’être Stubendiest, c’est-à-dire responsable de l’ordre dans la chambrée d’un Block, préposé au chef de Block. Il est ensuite affecté au Kommando de Leipzig le 4 décembre 1944. Il participe à la résistance dans le camp. Le 13 avril 1945, il s’échappe d’une colonne de déportés et est rapatrié le 21 mai et arrive en France, via l’hôtel Lutetia.

On doit à Pierre Mania de nombreux dessins du camp de Buchenwald qu’il réalise avec « des bouts de crayon » et des « bouts de papier invraisemblables ». Il livre ainsi des portraits aquarellés de ses camarades de déportation dont celui d’André Marie .

Sa carrière le menant dans l’Oise, il devient responsable de la FNDIRP du département.

Jusqu’à son décès à Rouen le 25 février 1987, Pierre Mania écrit plusieurs ouvrages historiques et mémoriels dont son autobiographie, Camarade Filoche, en 1980.

Sources : SHD-Caen : 21P569376 ; Mania P., Favier A., Buchenwald, scènes prises sur le vif des horreurs nazies, 1946 ; Association Française Buchenwald Dora et Kommandos ; L’Impartial, 21 avril 1945 ; maitron.fr

Alain Alexandre