SZAJNFELD France, Sarah

SZAJNFELD France, Sarah // Naissance : 17-5-1922 à Rouen (Seine-Inférieure) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déportée le 13-2-1943 à  ;  ; Assassinée

Déportée parce que Juive à l’âge de 20 ans, France Szajnfeld (ou Schainfeld) est, comme sa sœur aînée Anna Lebon , l’une des 137 victimes de l’agglomération rouennaise arrêtées dans la nuit du 15 au 16 janvier 1943 et transférées à Drancy quelques heures plus tard.

Elle a grandi dans une fratrie de six enfants dans le quartier de la Croix-de-Pierre, où elle logeait avec les siens dans une cité de la Grande Famille Rouennaise au 27 rue des Capucins. Son père était marchand de primeurs et à 14 ans, elle travaillait déjà comme vendeuse. D’abord ressortissante russe comme ses parents polonais qui avaient quitté l’Empire tsariste, cette jeune fille dont le prénom était signe d’intégration est devenue Française comme tous les membres de sa famille. La vie dans un milieu très modeste n’était sans doute pas facile, mais c’est l’occupation allemande qui scelle son destin. Contrainte de se faire recenser comme Juive en octobre 1940, elle perd son emploi de vendeuse en 1941 du fait des lois antijuives et doit porter l’étoile jaune à partir de juin 1942.

Au moment où elle est arrêtée dans la grande rafle, France Szajnfeld, célibataire, réside encore à la même adresse, alors que ses parents sont décédés l’année précédente et que ses frères, ainsi que sa sœur mariée depuis peu, ont quitté le domicile familial. La police française vient la chercher jusque dans sa cité pour la conduire au centre de regroupement de la rue Poisson. À 3 h 15 du matin, elle y retrouve Anna, qui a été appréhendée plus tôt dans la nuit.

Les deux sœurs arrivent ensemble à Drancy, mais France est déportée la première. Comme d’autres Juifs rouennais de nationalité française, elle part le 13 février 1943 dans le convoi no 48 qui emmène un millier de personnes à Auschwitz. L’état des sources ne permet pas de savoir si elle fait partie des 167 femmes sélectionnées à leur arrivée pour le travail forcé ou si elle est gazée aussitôt. Mais comme Anna, elle ne revient pas de déportation.

Sur la stèle des déportés juifs de la synagogue de Rouen, France et sa sœur (« Mlles Schainfeld ») n’ont pas été oubliées, de même que sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris.

Sources : AN/CDJC : F/9/5732 ; SHD-Caen : 21P 541 801 ; AD76 : 4M2281, 3352W2, 54W5320, 6M676, 6M686, 6M728 ; EC (Rouen) ; stevemorse.org/france

Corinne Bouillot