SZEKELY Ladislas

SZEKELY Ladislas // Naissance : 28-7-1902 à Miskolcz (Autriche-Hongrie (Hongrie)) ; Domicile : Montfarville Manche () ; Repression : Déporté le 17-8-1944 à  ; 9-2-1945 à NA (NA) ; Décédé

Après un premier séjour en France en 1923, Ladislas Székely s’y installe au début des années 1930 avec sa femme Edith. À partir de 1934, il est domicilié 30 rue Montebello à Vincennes (Seine). Ingénieur architecte de son état, il travaille pour le compte de différents entrepreneurs de la région parisienne jusqu’en 1937, époque où il s’engage dans les Brigades internationales en Espagne. Après la défaite de l’armée républicaine, il rentre le 8 février 1939 en France où il est interné dans les camps de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) et de Septfonds (Tarn-et-Garonne). Libéré le 16 août 1939, il revient habiter à Vincennes et s’engage dans l’armée pour la durée de la guerre le 11 septembre. Appelé le 27 février 1940 à Essonnes (Seine-et-Oise) pour intégrer le 22e régiment de marche des volontaires étrangers en qualité de soldat de 2e classe, il est capturé le 6 juin 1940 à Marchélepot (Somme) puis détenu en Allemagne au Stalag VII A à Moosburg (mle 17 625). Le 24 février 1941, il est rapatrié pour raison de santé par train sanitaire et admis à l’hôpital Purpan de Toulouse.

Une fois rétabli, Ladislas Székely travaille d’abord en qualité de technicien pour le compte des Allemands sur différents chantiers de construction du nord de la France, en particulier dans la Somme. Il devient ensuite entrepreneur de travaux de terrassement et de bétonnage dans le nord du Cotentin employant de 50 à 100 ouvriers sur des chantiers de construction côtières. Il réside alors à Montfarville, une commune de 900 habitants, près de Barfleur, mais possède aussi un bureau de dessin et de recrutement au n° 321 de la rue du Faubourg Saint-Antoine à Paris (11e). Au début de l’année 1943, Ladislas Székely entre au réseau Arc-en-ciel. Il organise le sabotage des travaux de défense côtière qu’il effectue pour les autorités allemandes en livrant aux alliés tous les plans des blockhaus construits par son entreprise. Il recrute aussi plusieurs dizaines de réfractaires au STO devenus par la suite des agents actifs du réseau et fournit à beaucoup d’autres des cartes de travail pour leur éviter un départ pour l’Allemagne.

Le 6 février 1944, Ladislas Székely est arrêté par la police allemande quelques semaines avant deux autres membres du réseau : Ladislas Grosz  et Francine Matuchet . Incarcéré à Cherbourg puis Saint-Lô, il comparaît devant le tribunal militaire de la Feldkommandantur 722 qui le condamne à mort en mars 1944 pour « intelligence avec l’ennemi ». Échappe-t-il au peloton d’exécution en raison de sa judéité ? Toujours est-il qu’il est transféré à Rouen puis le 8 juillet 1944 au camp de Drancy (mle 15 534). Il est déporté le 17 août 1944 avec Ladislas Grosz  dans le convoi n° 79, le dernier à quitter la France, comptant 51 personnes emmenées par Aloïs Brunner lors de sa retraite. À l’arrivée à Buchenwald, le 25 août, Ladislas Székely est enregistré sous le matricule 62 241. Le 12 novembre 1944, il est affecté au commando de Tröglitz travaillant pour une firme de produits chimiques. Il meurt le 9 février 1945 lors de l’attaque aérienne du train ramenant des détenus au camp central de Buchenwald. Sa femme Edith qui le secondait dans son activité résistante est également arrêtée le 28 février 1944. Elle est internée à Cherbourg, Saint-Lô, Caen, Rouen, Fresnes et Drancy, où elle est libérée le 18 août 1944.

Son nom figure sur le Mémorial des victimes manchoises de la Shoah à Cherbourg.

Sources : Arolsen ; SHD-Caen : Bu 9/15, 21P541893 ; AD50 : Les Juifs de la Manche sous l’Occupation, 1940-1944 (exposition, en ligne) ; stevemorse.org ; memorialdelashoah.org ; memorialgenweb.org

Arnaud Boulligny