TAGER Bernard, Élie

TAGER Bernard, Élie // Naissance : 13-9-1882 à Rejitza Refitza (Russie) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 14-9-1942 à  ;  ; Assassiné

Beer (Bernard) Tager est né dans une ville lettone (aujourd’hui Rēzekne) où vivait alors une importante communauté juive. Il a résidé en dernier lieu à Riga (Lettonie russe), mais a fui l’Empire tsariste en 1905 pour s’établir en France. Il habite d’abord à Paris, où il est ouvrier tailleur, puis s’installe cinq ans plus tard à Rouen. En 1911, il ouvre un petit magasin de nouveautés pour hommes au no 23 place Saint-Marc. C’est aussi à cette adresse qu’il habite, avec Rosa Salhanick  qu’il a épousée la même année. Le couple a une fille, Ida née en 1913 à Rouen, mais divorce en 1923. En août 1925, Bernard Tager se remarie avec Rachel Perele . Il conserve le même domicile, ainsi que la garde de sa fille. Les demandes de naturalisation qu’il dépose en 1928 et 1932 sont ajournées car l’administration le suspecte de « tendances communistes ».

Être à la fois Juif, réfugié russe et sympathisant communiste lui est fatal dès 1941, dans le contexte de l’invasion de l’URSS par l’Allemagne nazie. Après les premières mesures d’aryanisation des entreprises juives, il ferme lui-même son commerce, vend le stock puis quitte Rouen début juillet 1941 pour une destination inconnue des autorités. D’après l’adresse qui figure sur la liste du convoi de déportation, 6 rue Frochot, c’est à Paris (9e arrondissement) qu’il s’est réinstallé. On ignore les circonstances et le lieu précis de son arrestation, mais il est amené le 25 novembre 1941 au camp de Drancy (mle 11037). Un courrier du préfet de police de Paris daté du 4 décembre informe le préfet de Seine-Inférieure qu’il y « a été interné […] par ordre des autorités allemandes (Service spécial aux questions juives) ». Déporté dans le convoi no 33 du 16 septembre 1942, qui emporte entre autres des Juifs baltes vers Auschwitz, Bernard Tager y est assassiné, comme sa femme Rachel partie quelques semaines plus tard. Sa fille Ida, en revanche, échappe à la Shoah.

Le nom des époux Tager est inscrit sur la stèle des morts en déportation de la synagogue de Rouen et sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris.

Sources : Mémorial de la Shoah : F/9/5733 ; AN : AJ38 4987/9690 ; SHD-Caen : 21P 542 596 ; AD76 : 3352W2, 4M2393, 271W18 ; EC (Paris, Rouen).

Corinne Bouillot