
Photo : AP Boulard
BOULARD Robert, Eugène
Né le 15 novembre 1900 à Caen (Calvados) ; domicilié à Trévières (Calvados) ; exécuté le 6 juin 1944 à la maison d’arrêt de Caen.
BOULARD Robert, Eugène // Naissance : 15-11-1900 à Caen (Calvados) ; Domicile : Trévières Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé
Elevé seul par sa mère, celle-ci le place en apprentissage, en 1914, à Sainte-Honorine-du-Fay (Calvados) chez un charpentier du village qui finit par l’embaucher comme ouvrier. Appelé en mars 1920 à faire son service militaire, il sert d’abord au 22e régiment de Dragons, puis est affecté l’année suivante à la Légion syrienne. Rentré en France avec le grade de maréchal des logis, le 17 janvier 1922, Robert Boulard trouve un emploi chez un marchand de charbons de Vierville-sur-Mer, puis se marie, à Lingèvres (Calvados), le 11 novembre 1922. Après la naissance d’un premier enfant, Robert Boulard s’installe à son compte à Vierville-sur-Mer comme menuisier. Mais la venue d’un deuxième enfant, en 1927, le décide à changer à nouveau de métier. L’année suivante, il entre dans l’administration des Postes et Télégraphes, comme facteur auxiliaire au bureau de poste de Trévières. Lorsque la guerre contre l’Allemagne est déclarée, la famille Boulard compte déjà quatre enfants, trois garçons et une fille, ce qui fait que le chef de famille n’est mobilisé que durant deux mois.
Vers le mois d’août 1943, Robert Boulard est approché par Marcel Coliboeuf, instituteur public à Formigny. Celui-ci lui demande s’il accepterait de fournir des informations sur les troupes allemandes qu’il était amené à rencontrer, lors de ses tournées, dans le canton de Trévières. Le facteur auxiliaire accepte et entre ainsi dans le réseau Alliance. L’enseignant le sollicite ensuite pour qu’il recrute de nouveaux agents. En quelques semaines, Robert Boulard convainc son collègue Désiré Lemière, facteur auxiliaire à Saint-Laurent-sur-Mer ; Albert Anne, charron à Asnières-en-Bessin et Marcel Barranchon, de Louvières, de se lancer à leur tour dans la lutte active contre l’occupant. Pendant huit mois, le groupe fournit des renseignements sur les unités allemandes stationnées dans le Bessin, leur armement, les chantiers en cours du mur de l’Atlantique. Mais le 5 mai 1944, un vaste coup de filet de la Gestapo de Caen anéantit le réseau implanté dans le Calvados. Arrêté par l’Allemand Herbert von Bertholdi et deux auxiliaires français de la Gestapo, Bernard Desloges et Daniel Collard, Robert Boulard est conduit à la maison d’arrêt de Caen. Interrogé, il reconnaît son implication dans l’organisation de résistance. Le 6 juin, il est assassiné dans une des courettes de la prison avec 15 autres agents du réseau Alliance.
Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.
Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.
En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.
Sources : SHD-Vincennes, GR28P 3/71 ; AD14 : EC Caen, naissances 1900 ; Lingèvres, TD 1913-1922 ; Vierville-sur-Mer, Recensements, 1926-1936 ; registre matricule militaire classe 1920, subdivision de Caen, matricule 475 ; 9W70 : procès de la bande à Hervé, interrogatoire de Collard Daniel, du 2 mai 1945 ; G. Caraes, Le réseau Alliance, Ouest France, 2021.
Gérard Fournier
Mots-clés :
- 15-11-1900
- Caen, Calvados
- Trévières, Calvados
- 5-5-1944
- Trévières, Calvados
- Caen, Maison d'arrêt, Calvados
- 6-6-1944
- Caen, Calvados




