SAIAS Joseph

SAIAS Joseph // Naissance : 29-9-1883 à Salonique (Grèce) ; Domicile : Elbeuf Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 13-2-1943 à  ;  ; Assassiné

Joseph (Giuseppe) Saias est né de parents italiens résidant en Grèce ; lui-même est de nationalité italienne à son arrivée en France en 1897. D’abord lycéen à Marseille (Bouches-du-Rhône), il fait des études à Paris, où il obtient son diplôme de chirurgien-dentiste puis commence à exercer. Il s’établit en 1918 à Elbeuf où il ouvre un cabinet dentaire. D’Hilda née Nissim en 1896, qu’il épouse à Salonique, il a un fils, Albert Saias  né en 1920. Considéré comme parfaitement assimilé, il est naturalisé Français en 1929 comme son épouse. À partir de 1937, celle-ci est internée pour troubles psychiatriques dans une maison de santé à Neuilly-sur-Marne (Seine-et-Oise). Seuls Joseph et son fils Albert sont inscrits à Elbeuf sur les listes du recensement des Juifs d’octobre 1940, au 88 rue Guynemer, leur adresse depuis de longues années. En janvier 1941, alors qu’il risque d’être dénaturalisé comme de nombreux Juifs, le commissaire de police d’Elbeuf atteste que Joseph Saias est un « francophile sincère » et qu’il travaille toujours comme dentiste. Son cabinet figure sur une liste d’entreprises juives dressée en vue de leur aryanisation, mais on ne sait pas si, ni à quel moment il est interdit d’exercice.

Quelques mois après l’arrestation de son fils, déporté sans retour à Auschwitz, Joseph est arrêté à son tour à son domicile par la police française dans la nuit du 15 au 16 janvier 1943, lors de la grande rafle des Juifs de Seine-Inférieure organisée par la section antijuive de la Gestapo de Paris en liaison avec la Sipo-SD régionale. Comme les autres personnes arrêtées dans l’agglomération rouennaise et à Elbeuf, il est conduit au « centre d’accueil » de la rue Poisson à Rouen avant d’être transféré au camp de Drancy.

Il est déporté dans le convoi no 48 du 13 février 1943 à destination d’Auschwitz et très probablement gazé à son arrivée, le 18 février 1943 selon la date retenue par l’administration. Après son arrestation, sa maison et son cabinet dentaire sont pillés par les Allemands. Son épouse, toujours hospitalisée, n’est pas déportée et décède en 1955.

Le nom de Joseph Saias figure sur la stèle des Juifs déportés du cimetière Saint-Jean à Elbeuf et sur le Mur des Noms à Paris.

Sources : SHD-Caen : 21P 537 891 ; AD76 : 3352W2, 22WZ25556 ; AM (Elbeuf) : 4H-ELB136, ELB137 ; memorialdelashoah.org, gallica.bnf

Corinne Bouillot