Corpus de textes du Laslar

1917

Janvier

André Reusse, « Un Académicien en Cour d’Assises », Hebdo-film, 20 janvier 1917, p. 1-2.

Le monde est bien pourri !

Cette fois l’exemple vient de haut et les derniers défenseurs de l’infâme cinéma n’ont plus qu’à la fermer. L’Académie elle-même, la sacro-sainte A-CA-DE-MI-E FRANCOISE. Temple de toutes les vertus ancestrales et de l’Immortalité, devient celui de l’Immoralité et du Vice moderne. L’Académie paye tribut à l’Ecole du Crime qui va, jusque dans son sein, recruter maintenant ses élèves. Attendons-nous donc, dès lors, à voir figurer au rôle de la prochaine session d’assises, le procès Anatole France ou l’affaire Maurice Barrès, par exemple. Je m’efforce, dès maintenant, à me figurer, au banc des inculpés, Mgr Duchesne ou le marquis de Vogüé, membres de la redoutable bande du « Masque-qui-étreint ». Ça ne manquerait certes pas d’allure. Et quelle belle occasion pour Téry-l’intègre d’aller s’asseoir sur leur fauteuil vacant et de prononcer en leur place, le discours annuel sur les Prix de vertu. N’est-ce pas ?

Quoiqu’il advienne, la gangrène a gagné la docte Assemblée et l’un de ses plus fermes soutiens vient de tourner mal (ce qui ne veut nullement dire que ce qu’il a « tourné » soit raté !) Oui, le grand, l’illustre, le génial Chantre des gueux, de la Mer et de tant d’hymnes plus sûrement immortels que leur auteur, notre cher et admiré Richepin, voue désormais son talent, ses facultés et ses énergies à servir, lui Prêtre magnifique du verbe, l’Art muet du Geste ! Richepin, Jean Richepin, de l’Académie française, s’est fait naturaliser cinématographiste. Je répète pour ceux qui ont l’oreille dure : Richepin fait maintenant du cinéma !... Pierre Decourcelle est bien coupable !!

Car – je puis bien vous l’avouer maintenant ! – Pierre Decourcelle (et c’est son secret désespoir)) n’a rien écrit des « Mystères d’Elaine » ni des « Exploits de New-York », rien écrit que sa signature, au bas de chaque feuilleton. Le reste ? Ah ! le reste, il y a longtemps que devant le style châtié et le tumultueux envol de pensées qui assurèrent le succès colossal de ces œuvres, j’avais reconnu, moi, la « patte » spéciale du Maître, l’imagination ardente et fertile du poète, la sûreté de langue de l’orateur. Dès le premier sous-titre, je m’étais écrié : « Pas d’erreur ! ça, c’est de Jean (je tutoie Richepin dans mon for intérieur. Entre grands hommes, n’est-ce pas…) Sale coup pour la fanfare ! ça lui jouera un mauvais tour, tu verras. » Et je vois !

Et puis, celui-là, il n’y va pas par quatre chemins : comme c’est un Maître, son coup d’essai est un coup de dito. Et v’lan ! Et v’lan ! En deux scénarios, en deux seulement, il trouve moyen de prêcher le meurtre et l’immoralité, c’est-à-dire d’assumer la responsabilité des deux crimes pour lesquels on demande notre tête : Mères Françaises nous fait assister à des scènes de tuerie qui enseigneront certainement aux loupiots Turmel l’art de faire bobo à leurs petits camarades. Quant au Chemineau, c’est du propre ! Tout le monde saint, en effet, et nu n’en ignore, que ce glob-trotter purotain n’est qu’un ignoble anarchiste, couchant où il peut et avec la celle qu’il trouve. En sorte qu’il fait des p’tiots à de braves jeunesses qu’il détériore ainsi sans pudeur et qui sont obligées de se faire ensuite épouser par de vieux messieurs pas trop clairvoyants, mais galeteux. Et dire que c’est pour montrer ça à nos enfants (je n’en avais pas encore à cette époque, mais ça n’affaiblit en rien mon raisonnement !) qu’on subventionnait l’Odéon ! Et dire que nous allons retrouver ces turpitudes à l’écran ! Ah ! je vous en supplie {2} Seigneur, mon Dieu, faites que nos sages gouvernants nous favorisent au plus tôt d’une nouvelle taxe : nous l’aurons bien gagnée !

Tout de même, dites-moi donc, Messieurs de la Chambre, vous qui demeurez sourds comme des pots du même nom à nos plus instantes prières, à nos plus justes revendications, auriez-vous, par hasard, l’incongrue prétention de détenir entre vous tous le quart du patriotisme et de l’intelligence que possède dans son seul doigt un simple Richepin ? Non, n’est-ce pas ? Eh bien, austère Turmel, pudibond Jobert, et autres copains de l’assiette au beurre, ne croyez-vous pas que le dénommé Richepin vient de flanquer un joli soufflet, bien français, celui-là, à vos théories sur le cinéma démoralisateur ? Que vous soyez, chacun, l’élu de quelques imbéciles (il y a tant de gens en France, qui ne lisent pas l’Hebdo, vu son tirage limité !) c’est parfaitement votre droit. Mais lui, notre Richepin, le glorieux enfant de France, son talent en a fait l’Elu du pays tout entier ; et de le voir se ranger à nos côtés pour magnifier notre Art, ceci nous console de vous, car c’est l’apothéose de notre propreté et le sûr garant de notre valeur morale. Envoyez-nous, maintenant, en Cour d’assises : nous y seront, le front joyeux, en bonne compagnie !

Le seul cinéma « école du Crime » ? Ecoutez donc cette très authentique anecdote : L’autre jour, après un bon déjeuner (j’avoue mon crime, impardonnable en temps de guerre : j’étais un peu… gai. Sacré Couchemann, va !) j’eux l’idée passant devant, d’entrer un moment au Palais de Justice. Une salle bondée, surchauffée, incommode me tend les bras. J’y tombe. Je reconnais au hasard du lorgnon quelques hautes personnalités de la partie : le Procureur Lescouvé, le Président Monier, Mes Henri Robert, Chenu, Labori, etc., etc. Nombreuse assistance : des dames, beaucoup de dames. (On jugeait un crime passionnel). Je trouve une modeste place entre deux matrones rebondies qui m’écrasent de leurs charmes ; et le drame commence. Il s’agissait d’un pauvre bougre de soldat (qui me dira pourquoi ceci ne se passait pas au Conseil de guerre ?) brave paysan de son métier et que sa bonne conduite au corps avait fait élever au rang de sous-officier. Le malheureux, au cours d’une perme, avait eu le malheur de céder aux avances d’une pierreuse avec laquelle il s’était tellement affiché, qu’un officier le rencontrant, l’avait vertement semoncé, ce à quoi l’autre avait riposté en levant la main sur son supérieur. Puis, effrayé de son acte, il n’avait osé rejoindre et s’était laissé porter déserteur. La sirène de trottoir, affiliée à une bande d’apaches, n’avait pas eu de peine à y embaucher son amant affolé. Une existence infernale, rixes, cambriolages, etc., commença pour le pôvre. Puis, la drôlesse un beau jour le plaqua pour suivre un boxeur ou un gars d’abattoir, je ne sais. Fou de honte et de désespoir, l’abandonné se mit à la recherche de sa maîtresse. Il la rencontre un soir. Explication orageuse. La femme refuse de retourner avec lui. Il la tue. On l’arrête.

Sous l’influence d’un récent pomard (Sacré Couchemann, va !) et dans la tiédeur des volumineux nichons qui m’encadraient en m’oppressant, je m’étais un peu assoupi et rêvais en m’imaginant ouïr des musiques célestes. Un brusque coup de coude me réveilla. Je regardai.

Tonnerre de Dieu ! Je m’étais trompé de bâtiment : j’étais à l’Opéra-Comique et l’on jouait « Carmen ». Dans les loges, des jeunes filles du monde se pâmaient sous l’œil énamouré de leurs fiancés (Sacré Couchemann, va !)

Or, quelle jeune fille du monde – dites-moi, Jobert Turmel, vous qui avez des demoiselles – l’audition de « Carmen » a-t-elle incitée à faire la bombe ? Et lequel de nos braves poilus a pris modèle sur Don José ? A ça, vous vous foutez du monde, mes braves. Et nous sommes assez poires pour vous coller quinze mille balles, libres de toute taxe, pour cette singulière besogne ?

Le crime ? L’Immoralité ? Ils sont plus vieux que vous et moi. Je n’en suis pas même l’inventeur. Ils datent, le premier de Caïn, le second d’Eve, qui, seule « beau sexe » de l’époque, dut forcément s’adresser à ses fils pour… causer de notre monde moderne dont elle fut, si j’ose dire, la première mise de fonds. Or, je puis à peu près jurer que, de ce temps-là, le cinéma et les films policiers ne faisaient pas encore recette, Pierre Decourcelle n’étant pas inventé. De même du temps de Néron l’Incendiaire d’Œdipe l’Incestueux, d’Horace le Fratricide, si ardemment célébrés à la Comédie-Française (subventionné) pour l’édification de nos collégiens, qui n’en deviennent pas des crapules pour ça !

Allez-y, Messieurs ! Collez-nous, et parcimonieusement encore, le gaz à l’eau – le gaz à sale eau même ! – Accablez-nous, nous seuls, de taxes écrasantes. Nous paierons, confiants dans la proche revanche que nous promettent de futures élections. En attendant, dame, je regarde, triste et pensif, s’enfuir nos pauvres argents et je me surprends à murmrer, comme le brave Chemineau de Richepin

Je pense aux blés coupés qui ne sont plus les nôtres,

Et dont les épis mûrs font du pain pour les autres !

Hélas !

André de Reusse.

Février

Anonyme, « M. Jean Richepin à la Société des Conférences », Le Gaulois, 10 février 1917, p. 2.

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Les réunions du vendredi, consacrées par la Société des conférences à la « Moisson prochaine », viennent de se poursuivre par une conférence de M. Jean Richepin sur le « Paysan ». Cette moisson prochaine, l'homme de la campagne la prépare depuis le premier jour de la guerre, y apportant, auprès de ses frères d'armes, les qualités propres qu'il tient de sa via passée près de la terre. Il faudra le recul du temps pour apercevoir dans ses détails la tâche qu'il a remplie mais elle se dessine déjà pour le spectateur d'aujourd'hui, et l'on peut dès maintenant discerner dans quelle large mesure il a contribué à former l'âme nouvelle de la France armée. La conférence de M. Jean Richepin paraîtra le 24 février dans la Revue hebdomadaire. Mercredi 14, à deux heures et demie « Verdun », par Mgr Ginisty, évêque de Verdun.

Mars

Pierre S. « Retour à la Terre, par M. Jean Richepin » Les Annales politiques et littéraires, 4 mars 1917, p. 5.

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M. Jean Richepin s'est improvisé économiste, mais non sans retomber à tout moment dans son péché de poète — c'est là sa propre expression — il a chanté en des strophes vivifiantes et pleines, la terre, la vieille terre, la nourrice, la maman, Elle, la Terre !

Sa parole a trouvé des accents lyriques pour évoquer ce sentiment fort et sacré de l'amour du sol, plus fort que tout, qui dépasse la vie, et qui habite même le cœur de l'enfant assisté, et du chemineau qui chemine.

Puis faisant taire sa lyre une minute, Jean Richepin expliqua la valeur de la terre, représentant une richesse stable, la valeur de production qu'elle atteint quand elle est travaillée ; il défendit la cause. des cultivateurs durement frappés par le fisc ; il confia son espoir d'un retour à cette terre, blessée jusque dans sa moelle et dont il faudra refaire le sang, à qui il faudra attacher le plus de serviteurs possible.

Il termina en contant l'histoire du grain de blé toujours changeant, d'or ou d'argent, mais toujours vivant, ce grain de blé qui chante :

Mon amour de la vie luit comme une étoile,

le grain de blé qui est comme le symbole de la Terre douloureuse, mais éternellement renaissante.

Avril

Anonyme, « La reconnaissance nationale », Le Sémaphore de Marseille, 12 avril1917, p. 2.

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M. le Président de la République Française vient d’accorder son haut patronage à l’Association patriotique « La Reconnaissance Nationale » que préside M. Jean Richepin, de l’Académie Française.

Cette association, qui compte déjà plus de deux mille adhérents, a pour unique but la glorification des morts pour la Patrie au moyen des stèles commémoratives artistiques en marbre et en bronze, formant tableau d’honneur, sur lesquelles leurs noms sont gravés.

Ces stèles commémoratives sont offertes par la « Reconnaissance Nationale » aux communes de France, des Colonies et des pays de protectorat français qui les demandent à l’Association, en fournissant les noms des originaires de ces communes « Morts au Champ d’honneur ». (Cotisation annuelle, 3 francs, à adresser à M. Marcel Triaire, trésorier, au siège de l’Association, 129, rue de l’Université, 7e arrondissement de Paris).

Pour recevoir les statuts, et tous autres renseignements, écrire à M. J.-B Belloc, secrétaire général de « La Reconnaissance Nationale » (même adresse)

Mai

Anonyme, « La Clique », Le Figaro, 23 mai 1917, p. 2.

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Un des meilleurs livres consacrés à la guerre vient de paraître chez l'éditeur Flammarion. Il est de Jean Richepin, de ce prestigieux, de cet incomparable écrivain auquel nous devons : La Chanson des gueux, la Glu, Madame André, Césarine.

Qu'est-ce que la Clique ?... La Clique — qui porte en sous-titre cette mention : « 1915-1916 » — est, en quelque sorte, le carnet de guerre de l'éminent académicien. Dans l'étincelante préface de son livre, Jean Richepin (en rappelant qu'il est un ancien enfant de troupe, élève tambour du 82° de ligne) explique pourquoi il a choisi pour son œuvre ce titre bref et sonore. Il a choisi ce titre parce que... Mais pourquoi redire ici très mal ce qu'ailleurs Richepin a dit si bien ?

Juin

Jean-Jacques Brousson, « Les Livres », Excelsior, 5 juin 1917, p. 5.

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Il ne faut pas mêler les torchons avec les serviettes ; il ne faut pas confondre la clique, terme péjoratif, qui sert à flétrir une bande de gens douteux, avec la clique, qui désigne, en argot militaire le peloton compose de clairons et de tambours.

Cette glorieuse clique-là, nous explique l'ancien enfant de troupe, élève tambour du 82e de ligne, Jean Richepin, tient noblement du verbe cliquer, d'où sont issus aussi cliqueter, cliquetis...

Et, de fait, il règne, dans cet étincelant recueil d'articles, un furieux taratantara ! Ce qui m'ébahit, c'est qu'on puisse tant étinceler sans se consumer. Feu M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir. Notre conférencier national, Jean Richepin, est lyrique de la tête aux pieds. Je n'ai point l'heur, d'être de ses familiers : j'en ai regret. Je ne sais, en effet, sur quel rythme et de quel ton il réclame à sa Nicole ahurie sa robe de chambre de pourpre surteinte et ses pantoufles de velours cramoisi... Mais je suis bien assuré que la phrase est cadensée et imagée. Ah ! que de fleurs, de fleurs artificielles, dans cette illustre pantoufle !

L'ennuyeux de cette sublimité continue, c'est qu'on finit par n'y plus prendre garde. Rien ne ressemble plus à un gueux que l'éternel endimanché.

Jean Richepin incante tout ce qu'il touche, tout, et jusqu'à la vulgaire table des matières de sa Clique. Ponctuée avec un peu d'adresse, la litanie des titres formerait un poème assez cliquant. Ainsi, que dites-vous de cette strophe : 

Les profiteurs
Bêtes de proie
Les mercants
Bromhydroses !

Est-ce pas lapidaire ? Et cette autre :

Pour toi quand même !
Groecull
Leur ventre
Tous au front !

Et cette dernière, qui contient dans sa concision imprévue un si joli poème d'amour :

Celui que j'aime.
N'en parlons pas,
Fier-à-bras…
Au gui l'an neuf !

Avec de la musique de Raynaldo Hahn, cela tirerait, certainement, de délicieuses larmes des yeux les plus langoureux.

Juillet

Anonyme, « Les mères françaises en Italie », Ciné-Journal, 21 juillet 1917, p. 10.

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Le film bien connu de Jean Richepin ayant été recommandé par le bureau de propagande française, la maison Cinès s'est fait un plaisir et un devoir de prendre à sa charge ce film en Italie pour faire œuvre agréable à la France. Elle a fait, d'accord avec la maison Eclipse, modifier une ou deux scènes pour les rendre plus claires au public italien. Elle a fait voir de nouveaux tableaux de guerre française qui sont intercalés dans la deuxième partie et qui forment ainsi une propagande excellente, et elle a lancé le film à grands renforts de publicité dans toute l’ltalie.

A Rome, au Théâtre Cinès, le succès a été énorme. Plusieurs ministres, des Ambassadeurs, toute la haute Société ont beaucoup applaudi : Sarah Bernhardt, Signoret et les héroïques Mères Françaises.

Octobre

Anonyme, « Souvenez-vous ! », Le Radical, 15 octobre 1917, p. 1.

Par les soins de la Ligue « Souvenez-vous », une exposition de documents relatifs aux crimes allemands a été organisée aux galeries Georges Petit. L'inauguration a eu lieu en présence de M. J.-L. Breton, sous-secrétaire d'Etat à la guerre, et du général Dubail, gouverneur militaire de Paris. Le président de la Ligue, M. Jean Richepin, a prononcé une allocution où, avec son ardente éloquence, il a dégagé la signification de cette émouvante exposition.

L'exposition, qu'on ne saurait visiter sans un frisson d'indignation et d'horreur, évoque les crimes allemands par l'image photographies du service photographique de l'armée, tableaux, dessins, cartes postales — et par l'affiche un grand nombre des proclamations des gouverneurs des villes de France et de Belgique occupées par les Allemands, proclamations où la barbarie allemande s'affirme par des menaces et où il n'est question que de réquisitions, d'amendes, de désignation d'otages, d'évacuations, de condamnations à mort et d'exécutions.

Le Voyageur, « La vie intellectuelle », Ce qu’il faut dire, 20 octobre 1917, p. 4.

Ce document est extrait du site RetroNews.

— A la galerie Georges Petit, la ligue Souvenez-vous ! a organisé une exhibition. On sait que cette ligue est présidée par l'histrion Jean Richepin de l’Académie française. Jadis, Richepin tonitruait des « Blasphèmes » et taillait des basanes à Ceccaldi, au grand scandale des jeunes pucelettes des Annales ; aujourd'hui, il bouffe du boche, tout comme Léon Daudet et avec une stupidité incomparablement supérieure à celle, déjà considérable pourtant, de l'engueuleur du Roy.

Cette ligue n’est qu’une caricature de la Haine, où le grotesque l’emporte sur l’odieux. Qu’une « Exposition » de cet acabit ait pu se produire sans qu’aucune protestation fût émise, c'est un signe des temps. Le public qui se presse dans ces salles est à la hauteur de l'esprit des organisations. Aucun de ces ovidés ne semble s’apercevoir que les soldats allemands, auteurs des méfaits plus ou moins amplifiés dont l’écœurante figuration couvre les murs, ne sont que ce que sont les soldats de toutes les nations lorsque les armées victorieuses se trouvent en pays conquis. Les criminels imbéciles qui prêchent la haine ne veulent plus voir qu'ils la recueilleront pour eux-mêmes. Le régime de contrainte que nous subissons les empêche de voir l'orientation exacte de l’esprit populaire, ils sèment le vent, ils récolteront la tempête.

Quant à la valeur artistique de cette lamentable exhibition, elle se chiffre par 0.

[…]