Quant à M. Richepin, grâce à la complicité de ses camarades de la presse et à la niaiserie des badauds du boulevard, il enroue furieusement les cent voix de la renommée. Il s’est construit une maison de verre, au milieu de laquelle il circule dans un état de nudité absolue.
Covielle
COVIELLE [Albert ROGAT], « Les Blasphèmes, par Jean Richepin », Le Triboulet, 22 juin 1884, p. 4.
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Ce corpus de textes, constitué dans le cadre de ma thèse de littérature, réunit des articles et chapitres d’ouvrages qui permettent de comprendre de quelle façon Jean Richepin a habité la presse pendant sa période d’activité littéraire et quel fut le sort réservé à sa personne et à son œuvre après sa mort en 1926.
J’ai commencé à constituer ce corpus en 2021. De nombreux articles viennent des sites de la BNF Gallica et RetroNews, dont l’abonnement a été financé par mon laboratoire, le LASLAR. J’ai retranscrit ces textes à partir de l’outil OCR (reconnaissance optique de caractère) lorsque celui-ci existait ou alors manuellement pour certains textes recueillis dans des archives privées et publiques. J’ai ensuite corrigé chacun d’entre eux afin d’obtenir une base la plus exacte possible et permettre ainsi non seulement une lecture fluide mais également une recherche par mots. Ce corpus a ensuite été mis en forme au format XTML dans le cadre des ateliers du Pôle Document Numérique avec l’outil développé par Métopes. Ainsi, ce corpus de texte peut être interrogé grâce à un moteur de recherche plein texte (elastic search).
Le moteur de recherche fonctionne par proximité. S’il peut contenir des résultats parfois non pertinents, il permet tout de même de trouver le plus d’occurrences possibles. Ainsi, on peut chercher le terme « poète » et trouver ses différentes graphies au singulier comme au pluriel mais également les termes « poème » ou « poésie ». Il en est de même pour certaines œuvres de Richepin, notamment Sœur Doctrouvé, qui a été pour la critique l’objet de nombreuses originalités orthographiques. Il me semble intéressant de pouvoir étudier le nombre d’occurrences de certains termes qui mettent en lumière les thèmes familiers à Richepin ainsi que la reprise de certaines expressions consacrées qui forgent son image d’auteur et sa personnalité littéraire. Nous pouvons prendre l’exemple du mot « touranien », qui apparaît pour la première fois en 1884, à l’occasion de la publication des Blasphèmes, et dont nous trouvons ensuite plus de deux cent occurrences.
À travers ce corpus, je prélève des gouttes d’eau dans l’océan que représente l’ensemble de la réception critique qui concerne Jean Richepin. J’ai néanmoins veillé à ce que le nombre d’articles retranscrits par année soit révélateur de la présence médiatique de Jean Richepin au fil du temps, avec des pics très visibles auxquels je m’attendais : lors de la publication de La Chanson des Gueux en 1876, lors de son entrée à l’Académie Française en 1909 et de sa mort en 1926. J’ai également pu découvrir d’autres moments qui ont été pour Richepin de véritables événements littéraires Corinne SAMINADAYAR-PERRIN, Introduction, dans Qu’est-ce qu’un événement littéraire au xixe siècle ? [en ligne]. Saint-Étienne : Presses universitaires de Saint-Étienne, 2008 (généré le 19 février 2024). , comme par exemple sa prétendue « folie » en 1884 ou sa conférence sur le tango en 1913, qui scandalise les académiciens.
J’ai estimé que la constitution d’un tel corpus était pertinente sur trois points :
Remerciements
La mise en ligne du corpus de texte a nécessité l’effort conjoint du laboratoire LASLAR et du Pôle Document Numérique, que je remercie chaleureusement ici.
Du PDN, je remercie Tiphaine Théroux, qui m’a accompagnée depuis le début du projet, et Pierre-Yves Buard, qui s’est joint à nous afin de permettre la mise à disposition de ce document au plus grand nombre et la mise en place du portail des corpus. Du LASLAR, je remercie en premier lieu Lucie Barette. Nous avons pensé ensemble ce projet de portail et écrit la charte et le protocole ensemble. Elle est par ailleurs un soutien précieux dans mon parcours de thèse. Je remercie Madame Claire Lechevalier, directrice du laboratoire, qui a soutenu le projet et nous a donné à Lucie et moi l’espace de parole nécessaire pour partager le projet aux membres du LASLAR. Je remercie Julie Anselmini, Alain Sandrier et Valérie Vignaux, membres du Comité Scientifique, pour leur implication dans le projet. Je remercie également Brigitte Diaz, ma directrice de thèse, pour sa supervision lors de ce projet de corpus et tout au long de mes années de thèse.
Je remercie monsieur Jean-Didier Wagneur, qui m’a signalé l’existence de RetroNews, me permettant d’accéder à des archives de presse qui constituent aujourd’hui le cœur de ma réflexion. Je remercie Victor Faingnaert, doctorant en Histoire, qui m’a soufflé l’idée de pousser la porte des ateliers du Pôle Document Numérique en 2021. Je remercie enfin Yves Jacq, qui m’a indiqué une partie de ces articles et qui m’accompagne sur le chemin de la thèse depuis quelques années.
Tout bien considéré, la thèse n’est pas un travail aussi solitaire qu’il n’y paraît.
Justine Richard