Corpus de textes du Laslar

1920

Mars

Nicolas Ségur, « La Vie littéraire », La Revue mondiale, 1er mars 1920, p.67-68.

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Le premier volume du Théâtre de M. Jean Richepin contient l’Etoile, une petite pièce qui date de 1873, puis Nana-Sahib, Monsieur Scapin et Le Flibustier.

Ces comédies en vers ne sont, certes, pas des chefs-d’œuvre. Mais le tempérament de M. Richepin s’y révèle tout entier, tempérament riche et inculte, primesautier et errant, dru, chaleureux, vibrant, vivant.

M. Jean Richepin offre, en effet, une physionomie singulière et, par certains côtés, unique dans notre littérature contemporaine.

Poète né, il a su enfermer dans ses œuvres quelque chose de l’âme populaire et maintes de ses chansons pourraient prendre place dans le folklore français, tant elles sont caractérisées par cet élan, par cette spontanéité, par cette absence d’artifice et cette richesse d’émotion qui fait l’essence de la muse anonyme des nations.

Dans son théâtre, il montre les mêmes qualités, c’est pourquoi ses pièces, sans satisfaire entièrement au point de vue du métier, sans même contenir de vraie originalité, ont pourtant de l’attrait, du brio, une verve particulière, une saveur unique.

L’auteur du Chemineau a eu donc une pensée heureuse en recueillant ses comédies, et, dans les volumes suivants, nous saisirons aisément son évolution, son relatif assagissement, {68} ses efforts vers une conception moins romanesque, plus mesurée, plus classique pour ainsi dire.

Avril

J-L Croze, « Richepin tourne », Comœdia, 16 avril 1920, p. 3.

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On a beau être académicien des plus brillants et des plus dignes d'immortalité, actuelle et posthume, on ne rappelle pas moins que l'on parut, jadis, sur les planches, et à l'occasion, la meilleure, on se remet en scène sur l’écran. C'est le cas de M. Jean Richepin.

Il y a longtemps, dans son drame Nana-Sahib, dont Sarah Bernhardt et Marais étaient les protagonistes, l'auteur, durant plusieurs soirs, remplaça son interprète et se fit applaudir par le public de la Porte-Saint-Martin. Depuis lors, Jean Richepin n'avait pas joué, fort bien, ma foi ! d'autres rôles que ceux d'académicien et de conférencier. Le maître dramaturge parle bien. Il manquait à son art de pratiquer l'art muet.

Demain, ce sera chose faite. En Avignon, où se réunit la troupe qui doit tourner Miarka, la fille à l'ourse, avec Réjane dans la Vougne. Desdemona Mazza dans Miarka, Ivor Novello dans l'amoureux de Miarka, M. Jean Richepin arrivé ce matin, non seulement comme auteur du scénario, mais aussi comme artiste.

On se souvient peut-être que, dans le roman de Miarka, qui se passait aux frontières de Belgique, le maire du village, refuge des bohémiens, s'intéressait aux faits et gestes, aux mœurs, aux légendes de ses administrés provisoires. Dans le scénario tiré de l'œuvre originale, l'action est transportée en Provence ; le maire, bienveillant et curieux, sera naturellement Jean Richepin.

Le personnage, encore qu'épisodique, a son importance. M. Louis Mercanton en compagnie duquel j'allais, en 1915, demander à l'éminent académicien un scénario de propagande, celui de Mères françaises, n'a pas eu de peine à faire accepter le rôle à son nouveau pensionnaire.

Ce film, Miarka, la fille à l'ourse, dont le metteur en scène de l'Appel du Sang fera, il n'en faut douter, un chef-d'œuvre, excitera donc toutes les curiosités. Son interprétation est de premier ordre. Un de ses épisodes reproduira aussi, pour la première fois, croyons-nous, à l'écran, cette réunion, ce rendez-vous auquel accourent de toute la terre les romanichels errants dans le monde. Annuellement, le 25 mai, en un tohu-bohu et un grouillement prodigieux de couleurs, de types, de mouvement, de langage et de vie, sous le soleil provençal, se fient, près des saintes Maries de la Mer, cette « foire » extraordinaire, spectacle unique au monde. Miarka, son ourse et son auteur seront, cette année, présents à la fête qui n'en aura que plus de lustre. Bravo, Mercanton !

J.-L. CROZE.

Pierre Gille, « Jean Richepin au cinématographe », La Dépêche coloniale, 23 avril 1920, p. 3.

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Jean Richepin au cinématographe. — C'est le premier académicien qui aura fait du cinématographe comme acteur ! Mais Jean Richepin, quoique académicien, n’oublie pas qu’il a été autrefois acteur, et n’oublie pas qu'il a écrit la Chanson des Gueux. Il va tourner lui-même, tout comme Max Linder, tout comme Douglas Fairbancks, tout comme Charlot.

Parfaitement, Jean Richepin va devenir acteur de cinéma, vedette de l’écran, très vraisemblablement.

A la suite des pourparlers avec l’un des meilleurs metteurs en scène du moment, Mercanton. Jean Richepin a accepté de « tourner » dans Miarka, la Fille à l’ourse, aux côtés de Réjane.

Septembre

Georges Renard, « L’école normale supérieure (1867-1870) », La Revue politique et littéraire, 4 septembre 1920, p. 513-518.

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Je passe sur des détails qui me sont exclusivement personnels et sur l’emploi de mes vacances de 1868. Ces vacances se prolongèrent au-delà du terme ordinaire. L’Ecole, qui en avait grand besoin, avait été réparée, remise à neuf, et les travaux n’étaient pas encore terminés au commencement de novembre. Enfin, nous rentrions, revenant des quatre coins de la France, bourrés d’histoires à nous conter les uns aux autres, et pleins d’entrain, d’espoir, d’en-avant. Les rêves roses qui peuplent les cervelles saines des jeunes gens de vingt ans semblaient nous guider sur une route fleurie vers de lointains horizons bleus.

La seconde année d’Ecole était, en ce temps-là, la plus agréable et la plus féconde. Elle ne se terminait point par un examen. On pouvait lire, travailler à l’aise et, au lieu de parcourir en hâte et en troupe les chemins battus, flâner dans les sentiers où poussent les fleurs sauvages, les herbes folles et les idées juvéniles ! Elle promettait à nos esprits, trop longtemps tenus en laisse et soumis à un entraînement trop rigide et trop continu, un délassement nécessaire, mieux que cela, un développement libre, spontané, joyeux, vraiment personnel.

Puis nous étions façonnés à notre coquille ; nous en connaissions les bons et les mauvais côtés, nous n’avions plus à faire cet effort d’adaptation qui est toujours plus ou moins pénible.

Sans doute le personnel de nos camarades était renouvelé. Nos anciens s’étaient envolés, et la vie allait les disperser dans les directions les plus différentes ; j’en ai revu quelques-uns au cours des années, Maurice Croiset au Collège de France, Lavigne et Martine en exil, Boutroux, devenu membre de deux académies. Il en est beaucoup d’autres que je n’ai jamais revus, Patenôtre qui fut ambassadeur Benjamin Buisson dont la carrière s’est déroulée à Tunis ; Marion, Gazier, Lantoine que la Sorbonne attendait. Ils avaient été remplacés par des nouveaux et parmi eux je retrouvais de vieux camarades de lycée, Colsenet, Crozals, B. Zeller, Lippmann, Bizos, Richepin, gymnaste acharné, passant la plupart de ses récréations avec son ami Lane à faire des poids et du trapèze, à mesurer et à augmenter la grosseur de ses biceps, cassant les carreaux les soirs où il rentrait gris, jouant le tour à un camarade barbu (Pierre) qui était revenu dans le même état de lui raser une de ses joues pendant son sommeil ; puis des inconnus destinés à devenir des amis, le maigre et fin Charles Bayet, Gustave Bloch, cacique de nos conscrits, aussi épais de corps que solide d’esprit combien d’autres avec qui se nouaient des relations plus ou moins étroites, plus ou moins éphémères !

[…]

André Billy, « L’Âme américaine par Jean Richepin », L’Œuvre, 4 septembre 1920, p. 4.

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Ce n'est plus un paradoxe, c'est devenu un lieu commun que de dire « La meilleure histoire du bolchevisme se trouve encore dans Dostoïevski » ; histoire sinistre, d'ailleurs, et peu propre à nous induire en optimisme. Un article du philosophe russe Chestoff, dans le Mercure du 1er septembre, résume bien, du point de vue actuel, la leçon contenue dans l'œuvre du grand romancier. Tous ces fous, tous ces « possédés », tous ces hallucinés qui vont gesticulant à travers les pages de ses livres, ne sont-ils pas les mêmes hommes dont nous parle M. Chestoff et qui considèrent comme leur devoir « de ne pas admettre la réalisation du royaume des cieux sur la terre et de lutter avant tout contre l'idéologie de l'esprit petit-bourgeois de l'Europe occidentale ? Faire sauter l'Europe et la Russie plutôt que de laisser les hommes perdre de vue le seul bonheur digne d'être désiré, le bonheur des cieux, voilà en dernière analyse, d'après M. Chestoff, le profond dessein des mystiques de Moscou. Ceux d'entre nous qui avaient relu Dostoïevski à la lueur des événements d'aujourd'hui n'en éprouveront pas de surprise.

La grande importance de Dostoïevski pour la compréhension du phénomène bolcheviste pose d'une façon générale la question du rôle que la littérature devrait jouer dans les rapports de peuple à peuple. Les diplomates négligent trop les indications qu'elle leur propose. Avant de reconnaître Wrangel, M. Paléologue... Mais c'est assez parler de l'âme russe. Passons à l'âme américaine. Voici sur elle un gros livre de M. Jean Richepin, un gros livre dont le modèle pourrait servir en vue d'une compilation analogue sur l'âme slave : L'âme slave à travers quelques-uns de ses interprètes. J'offre l'idée gratis à qui voudra la réaliser. Je ne sais si elle serait d'un gros profit matériel pour l'éditeur ; mais d'un profit intellectuel pour le lecteur, c'est certain, et notamment pour M. Paléologue...

Le livre de M. Jean Richepin est formé de douze conférences dont le texte nous est restitué dans sa forme orale improvisée. On dit que les orateurs du Palais-Bourbon mettent leur coquetterie à redresser sur la sténographie de leurs discours les écarts et trivialités de langage où le mouvement de l'inspiration les entraîne parfois. M. Jean Richepin se soucie moins, semble-t-il, d'altérer après coup son éloquence naturelle. Il est juste d'observer qu'il parle bien du premier jet et que chez lui l'observance de la syntaxe est en quelque sorte innée. Il peut se fier à ses réflexes ; il s'y fie en effet et cet abandon où il se laisse aller charme à la Lecture, comme il charme à l'audition. La cordialité, la chaleur, la vigueur de son accent se perçoivent entre les lignes et communiquant une impression d'aise d'autant plus agréable que le plus souvent les conférences qu'on publie en volume sont gâtées et rendues presque illisibles par un ton professoral fort assommant. Nul n'est moins professeur, moins pédant que M. Jean Richepin. L'animation, le don de vie qui lui est propre, lui permet de faire disparaître l'ingrat appareil de l'érudition dans le flot à la fois facile et mouvementé de son incomparable verve.

Douze conférences, donc, et la, première traite des Peaux-Rouges, et l'interprète de l'âme peau-rouge, si je puis dire, fut Longfellow, auteur de The Song of Hiawatha, poème en vingt-deux chants, dont la conclusion développe cette idée essentiellement américaine : « Le flux de la civilisation, certes, a toujours marché de l'est à l’ouest. C'est une des lois auxquelles le monde moral, comme le monde physique, obéit sans qu'on en connaisse les causes ; mais l'humanité, qui les suit, peut en constater les effets anciens et en prévoir des effets nouveaux. Ecoutez Hiawatha. ! La civilisation revient désormais de l'ouest à l'est. C'est le vent d'ouest qui nous la rapporte. Elle n'a plus rien à faire là-bas. Pourquoi rentrerait-elle en Asie pour recommencer l'éternel retour ? La civilisation a été de l'est vers l'ouest ; elle va maintenant de l'ouest vers l'est. C'est le vent d'ouest qui nous la rapporte... » Il fut un temps où la parole du président Wilson pouvait, faire croire à la réalité transcendante de cette idée essentiellement américaine.

M. Jean Richepin nous conte ensuite le drame de la mêlée des races sur le sol libre des Etats-Unis et, pour l'illustrer, il emprunte cette fois des citations à des auteurs contemporains : à un Danois, M. Sicob A. Rüs, à un Allemand, M. Otto Kahn, qui, à vrai dire, ne fait pas de littérature, mais ne s'en porte pas plus mal. (M. Otto Kahn, de Mannheim, est financier) ; à M. John Finley, qui veut voir dans les premiers colons français le ferment générateur de l'âme américaine ; à un ingénieur, enfin, du nom de Thomas Benton, tout aussi affirmatif que M, Finley, en ce qui concerne l'influence des qualités françaises dans la formation du caractère national de ses compatriotes. Nous aurions mauvaise grâce à nous montrer moins assurés que MM. Finley et Benton des vertus vivifiantes de notre vieille race.

Les années s'écoulent et l'éloquence de M. Richepin fait de même, toujours brillante et entraînante. L'âme américaine, au XVIIIe siècle, c'est Washington, c'est Franklin. ; au XIXe, c'est Abraham Lincoln et c'est Emerson. C'est aussi Edgar Poë, Walt Whitman et Mark Twain. M. Jean Richepin n'ose pas avouer qu'il goûte peu Mark Twain. Par contre, il analyse très justement l'essence de l'humour américain et il la définit d'un mot : la férocité : « La chose, au reste, s'explique tout de suite. C'est un peuple enfant, jeune, à peine sorti de la jeunesse. Puisqu'il a toutes les belles qualités, tout l'élan de la jeunesse, il est tout naturel qu'il en ait aussi les défauts. »

De la littérature moderne américaine, M. Jean Richepin n'a voulu retenir qu'un nom : Alan Seeger, poète de talent, mort pour la France. Mais les Etats-Unis comptent présentement d'autres écrivains de mérite que le conférencier eut à bon droit loués, s'il en avait eu le loisir. Nous ne connaissons pas assez la littérature américaine d'à présent. Pour si médiocre qu'elle soit dans son ensemble — au fait, l'est-elle beaucoup plus que la nôtre ? — elle présente quatre ou cinq individualités remarquables. Et qu'attend-on pour nous traduire les poètes de l'école whitmanienne, dont l'inspiration pourrait exercer parmi les nôtres, si anémiés, une action si, tonifiante ?

André Billy

Octobre

Jules-Louis Durandeau, « Les présentations : Miarka », Le Crapouillot, 1er octobre 1920, p. 20.

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Il est regrettable que M. Mercanton, qui est homme de goût, se laisse hypnotiser par un titre d’académicien. Les procédés de M. Jean Richepin, aussi bien que sa tête de ligueur au lyrisme redondant sont représentatifs d un « pompiérisme » que l’écran doit abandonner. Miarka est cependant, malgré notre habit-vert, un film intéressant, parce que le metteur en scène a tenté de tourner tous les tableaux dans des décors naturels et de véritables appartements. Pour qui connaît les difficultés inhérentes à ce genre de prises de vue, il y a là un effort à signaler.

Alexandre-Jean, « Critique des films », Le Carnet de la semaine, 3 octobre 1920, p. 18.

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Je vais aujourd'hui vous parler de « Miarka, la fille à l’ours », de Jean Richepin, dont le rôle principal, celui de « la Vougne » est interprété par Réjane — il est impossible de prononcer sans émotion le nom de la grande comédienne qui, pendant quarante ans, interpréta si parfaitement nos misères de chaque jour et toutes les passions. — Ici, Réjane joue une vieille sorcière qui n'a plus foi que dans ses cartes et qui n’a d'amour que pour Miarka ; elle s'y montre surhumaine.

Le mysticisme de son attitude, ses poses, tous les détails sont autant de vérités émouvantes — quelle grande intelligence, quelle fidèle amie nous est morte là... elle était si près de nous... et lorsque l’on sait l’héroïsme qu'il a fallu à l’interprète pour jouer. — les souffrances qu’elle endurait et les fatigues quelle devait vaincre ! car elle avait l'orgueil de sa carrière et le courage héroïque...

Jean Richepin a interprété un rôle à ses côtés. La mort de Réjane l’a frappé plus que tout autre — voici d’ailleurs les lignes qu'il lui consacre — elles sont simples et vraies...

« C'est aussi, c’est surtout notre Réjane qui soudain y a donné sa foi, sa vaillance, sa passion du vrai, de l’intense, de la vie, qui a fait là ses adieux à cette vie et à l’art, en grande vivante, en grande artiste qu’elle était, sachant monter jusqu’au rêve rien que par des réalités, notre chère et bonne et si simple Réjane, en qui s’incarnait l'âme de Paris, qui est le sourire du monde.

17 août 1920.

« Jean Richepin de l’Académie française. »

... Il ne reste plus qu’un vœu à formuler. Je souhaite de tout mon cœur que le public, lorsqu'il verra cette œuvre sur l’écran, se recueille pour comprendre que celle qui de tout son génie défaillant va l’émouvoir est morte — morte pour lui — pour l’aider à gravir le chemin de la pensée qui doit l’élever peu à peu. Je souhaite que le public se recueille et voit en notre Réjane — comme une amie qui se serait dévouée et donnée à lui — pour que, une fois encore l’étreinte de l’art le saisisse et l'imprègne de sa beauté grande et souveraine.

Décembre

Léon Moussinac, « Cinématographie », Mercure de France, 1er décembre 1920, p. 517.

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Si les films de Marcel L’Herbier valent surtout par leur originalité, je dirai que ceux de M. Mercanton valent plutôt par leur honnêteté. Ceci n’est pas une critique. Miarka, la fille à l’Ourse est un film excellent, rempli de beautés, mais d’une ambition moyenne. Dépouillée du lyrisme verbal de Jean Richepin, l’histoire de la petite bohémienne reste assez languissante et banale. M. Mercanton l’a mise en scène avec bonheur. Déjà, avec l'Appel du Sang, notamment, il nous avait prouvé son goût. Je signale qu’il a essayé la prise directe de vues, en dehors de tout studio, dans des intérieurs véritables, avec le seul concours de puissants et ingénieux groupes électrogènes. Il ne m’a pas semblé, cependant, que ce principe appliqué dans son intégralité ait donné des résultats satisfaisants. Il ne saurait être absolu, en effet. Il faut apprécier selon le cas. C’est ainsi que des scènes tournées dans un cadre naturel ont moins de vie et de vérité que telles autres dont je me souviens, et tournées dans un studio. Par contre, une scène comme celle de la mort de la Vougne dans l’Eglise des Saintes-Maries-de-la Mer, et où Réjane est si magnifiquement émouvante, reste un tableau admirablement évocateur et inoubliable. Réussite heureuse ou recherche patiente ? C’est d’un peintre. Ce film honore grandement la production française et il obtiendra un suc ès certain auprès de tous les publics. Il contient des morceaux de tout premier ordre, notamment la lutte de l’ourse avec le garde-chasse, la scène où la Vougne enseigne la danse à Miarka, le Pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer.

Anonyme, « Allons, enfants de la patrie ! », La Revue universelle, 15 décembre 1920, p. 195.

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Voici un bel album et tel qu’il en faut pour les enfants, pour tous ceux à qui l'on veut faire aimer le beau, la légende, l'héroïsme et la France. Merveilleusement accordés, Richepin le poète et Job l’illustrateur semblent n’avoir qu’une seule âme pour chanter et pour peindre la gloire du soldat français de 421 à 1919 de sainte Geneviève au poilu de la Grande Guerre. Poèmes et images sont du même ton héroïque et enthousiaste, de la même verve allègre.